Vampire/Nosferatu, Lamia, Strige et autres suceurs de sang.
Les amateurs d'hémoglobine sont présents partout, régulièrement présent au grand ou petit écran et dans la littérature. Qui n'a pas vu de costume de vampire à Halloween ? Tout le monde connaît le célèbre Dracula de Bram Stoker. Et pour la plupart des gens, cet ouvrage serait l'origine des légendes sur les suceurs de sang. Mais est-ce vraiment le cas ?
Pour commencer, il n'y a pas que les vampires qui sucent le sang. D'autres créatures se lèchent les crocs en pensant à une veine bien juteuse, on peut citer la strige ou la lamia par exemple. Et cette dernière, la lamia, va nous être utile pour démontrer que non, B. Stoker n'a pas créé la légende (de Dracula oui, mais de ce type de créature non).
Il existe plusieurs histoires sur la nature et l'origine de la lamia. Certains la compare à un spectre vampirique, d'autre à un être mi-femme mi-cheval/dragon ou encore un croisement entre une sirène et une harpie. Cette créature est connue des grecs anciens, une légende raconte que c'était une reine de Libye qui a eu des rapports avec Zeus. De cette relation, elle eut des enfants, mais évidemment, Héra, femme de Zeus, dans sa jalousie lui donna une apparence hideuse et la fit accouché d'enfants morts-nés. La reine se serait alors caché dans une grotte, de tristesse elle serait devenue insomniaque. Là aurait commencé sa transformation en créature suceuse de sang. Sa tristesse toujours présente elle se rend la nuit, discrètement, auprès des enfants, mais étant désormais un vampire, elle dévore alors les enfants et tout être qui se trouve sur son chemin. Ici c'est donc une lamia, mais au Moyen-Âge, la créature représente une race de créatures, comme les sirènes ou les centaures par exemple. Son origine et son apparence changent aussi souvent que les légendes qui la citent (surtout dans l'Europe de l'Est), mais toutes sont d'accord sur le fait que c'est une créature qui aime le sang et les enfants.
La stryge est légèrement différente et on en trouve trace à l'époque de Charlemagne, voici un extrait de l’œuvre de Collin de PLANCY: « Les stryges (ou striges) étaient de vieilles femmes chez les Anciens. Chez les Francs, c'étaient des sorcières ou des spectres accusés de manger les vivants. Il y a même, dans la loi salique, un article contre ces monstres. « Si une stryge a mangé un homme, et qu'elle en soit convaincue, elle payera une amende de huit mille deniers, qui font deux cents sous d'or. » Il paraît que la croyance aux stryges était commune au Ve siècle, puisqu'un autre article de la même loi condamne à cent quatre-vingt-sept sous et demi celui qui appellera une femme libre stryge ou prostituée. Comme ces stryges sont punissables d'amende, on croit généralement que ce nom devait s'appliquer, non à des spectres insaisissables, mais exclusivement à des magiciennes.
Il y eut, sous prétexte de poursuites contre les stryges, des excès qui frappèrent Charlemagne. Dans les Capitulaires qu'il composa pour les Saxons, ses sujets de conquête, il condamne à la peine de mort ceux qui auront fait brûler des hommes ou des femmes accusés d'être stryges. Le texte se sert des mots stryga vel masca; et l'on croit que ce dernier terme signifie, comme larva, un spectre, un fantôme, peut-être un loup-garou.
On peut remarquer, dans ce passage des Capitulaires (Chap. 6), que c'était une opinion reçue chez les Saxons, qu'il y avait des sorcières et des spectres (dans ce cas des vampires) qui mangeaient ou suçaient les hommes vivants; qu'on les brûlait, et que, pour se préserver désormais de leur voracité, on mangeait la chair de ces stryges ou vampires. Quelque chose de semblable s'est vu dans le traitement du vampirisme au dix-huitième siècle.
Ce qui peut encore inciter à penser que les stryges des Anciens étaient quelquefois des vampires, c'est que, chez les Russes, et dans quelques contrées de la Grèce moderne où la croyance au vampirisme a exercé ses ravages, on a conservé aux vampires le nom de stryges. »
Pour faire simple, la stryge peut être comparé à une harpie en apparence et a le même régime alimentaire qu'un vampire.
Et le vampire alors ?
Bientôt...
Sources :
BELFIORE Jean-Claude, Grand dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine, éd. Larousse, Paris, 2016
BRASEY Édouard, La Petite Encyclopédie du merveilleux, éd. Pré aux Clers, 2015
KEATS John, Lamia, 1820
Lanni Dominique, Bestiaire fantastique des voyageurs, Arthaud, 2014
Ovide, Métamorphoses, VII, 269
De PLANCY Collin, « Dictionnaire infernal, ou Répertoire universel des êtres, des personnages, des livres, des faits et des choses qui tiennent aux apparitions, Troisième édition »
lien internet :
TORQUEMADA, « Hexameron »
WIER, « De Lamiis Liber »