Épées de Légendes
Pour un soldat de maintenant son fusil « il y en a beaucoup comme ça, mais lui [...] c'est (son) vrai copain ». Et bien pour un soldat du Moyen-Âge -ou même d'autres époques-, son épée c'est la même chose. Perdre son épée est un déshonneur. On retrouve la même chose chez les samouraïs et leurs sabres. Ne serait-ce que les forger prend une forme de rituel. Évidemment, les « grandes » épées sont nommées. Dans les légendes, beaucoup d'épées de héros ou de rois sont, ou ont, une origine magique. Qui ne connaît pas la célèbre Excalibur ? Dans le monde musulman Zulfiqar est aussi une épée célèbre, tout comme Al-Battar (conservé au musée Topkapi à Istanbul). Même dans les romans les épées bénéficient d'une aura importante : Narsil, Glamdring, Dard, Aiguille, Grand-Griffe... sont des noms qui résonnent dans le « monde geek ».
Durandal
« Je m’en souviens : Charles était aux vallons de Maurienne,
« Quand Dieu, du haut du ciel, lui manda par un ange
2320 « De te donner à un vaillant capitaine
« C’est alors que le grand, le noble roi la ceignit à mon côté...
La Chanson de Roland, CLXXIII
Durandal est l'épée de Roland, qui passe pour être le neveu de l'empereur Charlemagne. Il fut rendu célèbre par La Chanson de Roland qui raconte ses derniers instants lors de la bataille de Roncevaux. En 778 alors que l'armée de Charlemagne quitte l'Espagne et reprend le chemin de la France, elle traverse les Pyrénées. L'arrière garde est constituée des meilleurs troupes, 20.000 hommes ferment ainsi la marche selon La Chanson de Roland. Mais des Vascons (ou Basques) les attaquent. Roland tire alors Durandal de son fourreau et se lance au combat. La Chanson de Roland, écrite au XIIème siècle, remplace les Basques par des Sarrasins, donnant ainsi l'image du combat de chrétiens contre des musulmans. Dans ce poème Durandal est importante pour Roland. Il lui parle, elle est sacré pour lui, elle contient des reliques. Il est impossible qu'il la laisse tomber entre les mains ennemies. Aussi, lorsqu'il sent sa mort proche, il essaye de la briser à plusieurs reprise, sans succès. Il décide alors de la cacher sous son corps.
« Ma Durendal, comme tu es belle et sainte !
« Dans ta garde dorée il y a assez de reliques :
2345 « Une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile.
« Des cheveux de monseigneur saint Denis,
« Du vêtement de la Vierge Marie.
« Non, non, ce n’est pas droit que païens te possèdent !
La Chanson de Roland, CLXXIV
Mais dans une autre légende, après avoir essayer de la briser sans succès mais créant tout le même une brèche : « la faille de Roland », il aurait aurait prié Dieu ou l'archange Saint Michel pour que son épée ne soit pas prise par l'ennemi puis il lance son épée. Celle-ci se fiche alors dans la falaise de Rocamadour. À « seulement » 360 km au nord. Aujourd'hui encore, il y a toujours une épée fiché dans cette falaise.
« J’y vais frapper de mon épée Durendal ;
« Vous, compagnon, vous frapperez de votre épée Hauteclaire.
« Nous les avons déjà portées en tant de lieux !
1465 « Nous avons avec elles gagné tant de victoires !
« Il ne faut pas qu’on chante sur elles de méchantes chansons. »
La Chanson de Roland, CXIII
La Chanson de Roland, Deuxième partie – La Mort de Roland, Éd. Léon Gautier
Joyeuse
Quel contraste entre une arme de guerre et un nom aussi joviale. Mais Joyeuse n'est pas qu'une simple arme, une simple épée. Non, c'est l'épée d'un roi, d'un empereur. Et elle deviendra une épée de sacre. Joyeuse, épée de Charlemagne, a traversé les âges et fait parti des regalia (objets utilisés lors du sacre du roi, comme les éperons ou le sceptre). Actuellement conservé au musée du Louvre, on remarque que toute l'épée que l'on a actuellement n'est pas d'origine. Le pommeau date du X ou XIème siècle et les dragons de la garde sont du XIIème siècle par exemple. Mais ça n'enlève rien au prestige d'une épée qui aurait appartement à Charlemagne lui-même et se serait transmit depuis de roi en roi.
D'autres épées et histoires prochainement.