Orphée et Eurydice
Tout le monde a l'habitude des histoires qui se finissent bien, celles où le héros sauve le monde ainsi que la princesse, ils se marièrent, eurent des enfants et vécurent heureux jusqu'à la fin des temps. C'est ce qu'on nous sert habituellement dans les œuvres récentes, mais il ne faut pas oublier les fameuses histoires d'amants maudits comme Roméo et Juliette, Tristan et Yseult, ou encore Brunehilde et Siegfried. Orphée et Eurydice font partis de ceux-là.
Orphée est le fils d'Oeagre, roi de Thrace, et de Calliope, la Muse de la poésie épique. C'est un artiste accompli, à tel point qu'Apollon le prend comme élève et lui fait le dont de la lyre à sept cordes. Orphée, en l'honneur des Muses, rajoutera deux cordes. Il est si doué, que tous sont subjugués par ses mélodies, hommes comme dieux, animaux, créatures malfaisantes, plantes, roches... Tous. C'est pourquoi, malgré qu'il n'apporte pas un talent de guerrier comme Hercule, il est tout aussi important lors du voyage de Jason. Il fait en effet parti des Argonautes, c'est lui qui donne la cadence aux rameurs, leur redonnant ainsi force et vivacité. Il empêche également à l'équipage de succomber aux sirènes. La force de ses chants dépassants ceux des êtres marins. Sa mélodie aurait même calmé une mer déchaînée !
Après l'aventure avec les Argonautes pendant laquelle il est initié à des mystères, Orphée rencontre Eurydice, une nymphe. C'est un amour passionnel. Le premier amour de sa vie. Et le dernier. Peu après avoir épousé Eurydice, Orphée va vivre son plus grand malheur. Sa bien-aimée se fait mordre au mollet par un serpent. Le poète essaye des remèdes, mais sans succès. La vie quitte le corps de la nymphe, Orphée comprend alors que Thanatos a fait son œuvre. Le pauvre poète est inconsolable, la vie sans son Eurydice est irréelle, insupportable. Il doit la ramener. Il VA la ramener. Près à tout pour son amour, il s'en va aux enfers pour faire revenir à la vie sa bien-aimée Eurydice. Le poète n'a aucun mal à charmer de ses mélodies les créatures qui veillent à l'entré des enfers, comme le Cerbère. Orphée réussi à avoir une audience auprès du maître des lieux, Hadès. Touché par la plainte mélodieuse du poète, le dieu consent à Eurydice de partir avec Orphée dans le monde des mortels, mais à une seule condition : Orphée, qui marchera devant son épouse, ne devra jamais se retourner avant qu'ils ne soient sorti des enfers. Sinon, Eurydice restera dans le monde des morts et il n'y aura pas de seconde chance.
Orphée, heureux, accepte. Mais le chemin est long, l'attente devient difficile. Le silence perturbe le musicien. Et si Hadès l'avait trompé ? Et si Eurydice n'était pas derrière lui, peut-être s'est-elle blessé sur le chemin ou qu'on la retient ? La lumière du monde apparaît. Les doutes, la joie, les questions, tout cela fait oublier le contrat à Orphée qui se retourne. C'est à ce moment qu'il voit Eurydice emportée dans le monde des morts une seconde fois, « Allons adieu ! Je suis dans une immense nuit, tendant vers toi ces mains, hélas, qui ne sont plus à toi ! » (1) prononce-t-elle avant d'être entraînée. Son amour trop grand, son désir de revoir son Eurydice, Orphée oublie la raison est la perd une seconde fois.
Ses mélodies sont pleines de chagrin et les autres femmes ne l'intéresse pas. Mais celles-ci ne le comprennent pas de la même façon. Ne pas succomber à leurs charmes est une insolence. C'est alors que des femmes thraces, pleines de colère, s'attaque à lui. Elles sont si sauvages que dans leur furie elles déchiquettent le corps du poète. Sa tête est jetée dans le fleuve Euros et finit par arriver sur l'île de Lesbos. Plus tard ses restes sont réunis et les honneurs lui sont rendus à Lesbos (ou à Leibéthra).
(1) Virgile, Les Géorgiques
Bibliographie :
COMTE Fernand, Les grandes figures des mythologies, éd. Larousse-Bordas, Paris, 2000.
GRIMAL Pierre, Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine, éd. Presses Universitaires de France, 14éme édition, Paris, 1999.
PAUSANIAS, Description de la Grèce, Livre IX Béotie, XXX, 4
WILKINSON Philip, Des légendes & des mythes, petit Larousse illustré, éd. Larousse, Paris, 2009.
Aller plus loin :
Quand Orphée perdit la tête, Séminaire de l'Association de psychanalystes "Antigone à Grambois", Juillet 2008
Metka Zupancic, Orphée et Eurydice: Mythes en mutation, in, RELIGIOLOGIQUES, 15 (printemps 1997) Orphée et Eurydice: mythes en mutation