Yggdrasil
« Le frêne Yggdrasil
Est le plus éminent des arbres. »
- Gylfaginning, XIV
Cet arbre cosmique n'est pas qu'un simple végétal où il ne se passe rien. Yggdrasil est au cœur de la mythologie nordique et il relie les neuf mondes. Ces mondes sont Alfheim, Asgard, Helheim, Jotunheim, Midgard, Muspell, Niflheim, Vanaheim et Svartalfaheim. Autant dire qu'il s'agit là d'un très grand arbre. Le nom Yggdrasil a plusieurs interprétations, la plus répandu et celle le traduisant par « cheval d'Yggr », Yggr étant Odin. On peut aussi trouvé « cheval de potence » ou « colonne d'if ». Car oui, on peut aussi trouver qu'Yggdrasil est un if, car il est toujours vert. Mais dans les textes en vieux norois il est qualifié de frêne. Il a été, il est et il sera toujours.
C'est dans la Gylfaginning que l'on apprend beaucoup de choses sur la mythologie nordique et donc qui nous permet éclairer sur cet arbre sacré.
Cet arbre possède trois racines. La première va jusqu'à Asgard. La seconde jusque Jotunheim, et sous cette racine se trouve également Mimisbrunn, la fontaine de Mimir. Source d'eau qui donne la sagesse à qui en boit. D'ailleurs Mimir en boit via la corne Giallarhorn. On reviendra sur l'histoire de cette source lorsque l'on parlera d'Odin.
La troisième racine passe au-dessus de Niflheim. Sous cette troisième racine se trouve une source, Hvergelmir. Source dont sont issus tous les autres fleuves. Et c'est encore cette troisième racine qui est rongé par le serpent géant Nidhogg, qui se love tout autour des races d'Yggdrasil. Une autre source existe sous cette racine qui se dirige vers le ciel, Urdarbrunn, aussi appelé source d'Urd. Urd est une des trois Nornes, son nom signifie Destin. Donc la source peut aussi être traduite par source du Destin. C'est à cette source que les dieux se réunissent pour rendre la justice, s'y rendant en empruntant des chemins mythique tel que le Bifrost ou en utilisant des montures extraordinaires tel que Sleipnir. Se sont les Nornes qui prennent de l'eau et de la boue blanche près de la source et qui en enduise le frêne pour qu'il ne se dessèche pas. L'eau de la source est sacré, elle a donc des propriété hors du commun. En effet, toute chose pénétrant dans cette eau redevient pure. De plus selon le mythe, c'est de cette « blanche boue aspergé, de là viennent les gouttes de rosée qui tombent dans les vallées » et cette rosée peu aussi être traduite par miel (1). On peut ajouter que sur cette source vie également deux oiseaux, deux cygnes, qui sont donc blancs (pures) du fait de l'eau.
Yggdrasil porte aussi toute une faune. Dans le haut de ses branches un aigle au grand savoir se tient perché. Et sur sur le bec de cet aigle se tient un faucon appelé Vedrfolnir. L'aigle « discute » avec le serpent Nidhogg via Ratatosk, l’écureuil messager qui doit donc parcourir de haut en bas et inversement le frêne pour transmettre des paroles peu amicales entre les deux animaux. D'ailleurs Nidhogg n'est pas le seul serpent, il y a en a toute une multitude inombrable. Il y a aussi quatre cerfs, nommés Dain, Duneyr, Durathror et Dvalin (Dvalin est aussi le nom porté par un nain), qui broutent les pousses du frêne.
C'est sur cet arbre que les runes furent découvertes. Odin se suspend aux branches du végétal et se transperce d'une lance. Son sang coule alors hors de sa blessure. Il reste ainsi perché plusieurs jours et découvre que son sang qui a coulé sur des pierres forme des symboles. Odin découvre alors une forme d'écriture et est donc l'inventeur des runes.
Et qu'arrive-t-il à l'arbre sacré lors du Ragnarök ? Il tremble. Plus exactement il « se mettra à trembler et la peur s'emparera de toute créature ». Ni plus ni moins.
Pour finir on peut ajouter qu'un tel arbre, bien que ne supportant pas neuf monde, eu réellement existé ! En effet les Saxons du VIIIe siècle vénéraient un arbre sacré appelé Irmunsul. Arbre qui fut abattu par Charlemagne en 772. En effet, cette arbre représentait tout pour les saxons païens. Mais c'était l'ère de la christianisation alors cet objet de vénération fut abattu pour montrer que ce n'était qu'un arbre. Et la christianisation des Saxons fut donc réalisé brutalement. Mais ça, c'est une autre histoire.
« L'Egal du Très-Haut dit alors : « Ce frêne est le plus grand et le meilleur de tous les arbres. »
- Gylfaginning, XV
(1)Dillmann F.-X., L'Edda, récits de mythologie nordique par Snorri Sturluson, éd. Gallimard, coll. L'aube des peuples, 2014
Pour aller plus loin :
BOYER Régis, L'Edda poétique, éd. Fayard, Daumont, 2010
BOYER Régis, Snorri Sturluson, le plus grand écrivain islandais du Moyen Âge, éd. Orep, coll. Héritages Vikings, Bayeux, 2012
BROSSE Jacques, Mythologie des arbres, éd. Petite Bibliothèque Payot, 2002
DUMEZIL Georges, Mythes et dieux des Indo-Européens, Loki, Heur et malheur du guerrier, éd. Flammarion, Lonrai, 2011.
GUELPA Patrick, Dieux et mythes nordiques, éd. Presses Universitaires du Septentrion, Paris, 1998
KERSHAW Kris, The One-eyed God, Odin and the (Indo-)Germanic Männerbünd, Journal of Indo-European Studies Monograph Number Thirty-Six, Washington D.C., 2000.
MIRZA Sandrine, La mythologie, éd. Gallimard Jeunesse, coll. Tothème, Paris, 2010.
STURLUSON Snorri, Edda, récits de mythologie nordique, éd. Gallimard, France, 2014
THIBAUD Robert-Jacques, Dictionnaire de mythologie et de symbolique nordique et germanique, éd. Dervy, Clamecy, 2009